Vivification du mois de Ramadan 1444H
Jour 2 : FATHUL FATÂH (suite)
Il a été rappelé auparavant que la source d’inspiration de « Fathul Fatâh » est cette rupture épistémologique que Cheikh Ahmadou Bamba a opérée pour emprunter une nouvelle voie dans sa trajectoire spirituelle. La métrique du poème est le « Rajaz » à l’image de « Jâwartu », « Matlabush- Shifâ-i » ou encore « Tayssîru Assîr ».
Aujourd’hui, nous insistons non seulement sur la prééminence du vénéré Prophète Mouhammed (PSL), mais surtout sur la manière dont le Cheikh a traité cette prééminence dans le poème. En effet, l’auteur s’auto-réduit à sa plus infime expression, dans une attrition permanente. Il se rapetisse à souhait pour mieux faire ressortir la grandeur du Prophète (PSL).
Rappelons que pour chaque lettre de l’alphabet, le Cheikh compose un septain (groupe de sept vers). L’on note que tous les six premiers vers mettent en évidence la grandeur du Prophète (PSL) et le septième est affecté au Cheikh qui se montre tout petit devant Son Maitre. Les strophes 3, 4, 5 et 6 ainsi que les vers 15 à 42 illustrent ce propos.
Le Cheikh écrit ainsi au vers 15 : « Le Primordial Lui a consacré la prééminence et l’honorabilité, avant l’apparition des créatures ». Il poursuit au vers 16 : « Le Paradis est la récompense de celui qui Lui obéit ; quant à celui qui Lui désobéit, son sort est l’Enfer ». « Il nous a attirés vers Dieu par la Théologie (Tawhîd), les Actes d’adoration et la Glorification » (vers 17). « Il a combattu son âme charnelle... » (vers 18). « Son combat est motivé par la volonté d’élever La Parole de Dieu… » (vers 19). « Il a sauvegardé l’unité de sa communauté… » (vers 20).
Observons à présent le vers 21 où le Cheikh mentionne : « Puisse Dieu faire de moi son serviteur devant son Auguste Assemblée… ». Ce traitement montre qu’il s’agit d’un Prophète adulé, qui cristallise toutes les marques de considération. A cet effet, le Cheikh écrit au vers 22 : « Il a appelé vers Dieu avec discernement par une loi pure qui éclaire ». Il poursuit : « Il était bienveillant… » (vers 24). Le Cheikh opère ensuite une petite bifurcation sur son portrait : « Il était en permanence d’un visage radieux… » (vers 25). « Il a guéri les cœurs des pieux par sa bonne conduite… » (vers 26). La chute intervient au vers 28 quand il mentionne : « …et certes Il a exaucé ma prière faisant de moi l’esclave de Dieu et le serviteur du Bien-aimé (PSL) ». On note ici la grandeur du Prophète (PSL) et une auto-réduction de la part du Cheikh.
A l’évidence, la quatrième strophe est la plus marquante. En effet, au vers 29 et 30 le Cheikh désigne le Prophète par « Al Karîm » (l’Honorable), « Al Amthal » (Le Parfait Exemple), « Al Mujtabâ » (Le Meilleur Elu) avant de rajouter au vers 31 : « Il est le Chef dans les Cieux et sur la Terre ». « Ses dons sont abondants et inépuisables » (vers 33). « De ses faveurs découlent les dons des Prophètes » (vers 34). La chute est un peu plus flagrante quand le Cheikh déclare : « …être son serviteur Ici-bas et dans l’Au-delà ».
Il est aisé de comprendre pourquoi le vénéré Cheikh Mountakha a pu dire que « Fathul Fatâh » est un poème dans lequel le Cheikh magnifie le Prophète (PSL) au point de s’oublier.
A suivre…
Commentaire : Serigne Mansour Seck (Membre comité scientifique HT)
Restitution : Awa Tall Ba
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