* TEMOIGNAGE DE KHADIM GUEYE SUR SERIGNE ATOU DIAGNE *

Très cher frère Serigne Babacar Gueye.
Quand j’ai appris la nouvelle du décès de Serigne Atou, j’ai eu un gros pincement au cœur. D’innombrables réminiscences ont soudainement jailli de ma mémoire profonde, réactualisant des événements clés qui me rappellent, si besoin en était, la chance inouïe que j’ai eue de côtoyer cet homme multidimensionnel.
J’ai pensé à ta souffrance et à celle de tous les membres et sympathisants du Dahira HT qui perdent ainsi un leader hautement charismatique. J’ai aussi pensé à ceux de ma génération dont l’élévation spirituelle et la réussite temporelle relèvent en partie de l’ingéniosité de Serigne Atou.
Tout en Serigne Atou était inspirant. Son esprit était alerte, son silence redoutable, son regard perçant et sa vision hors-limite.
J’ai très vite compris que Serigne Atou était un génie à tout point de vue. Il pouvait transformer en diamant tout ce qu’il touchait. Son leadership était inné. Son intelligence trônait au point culminant de la sphère sociale. S’il avait consacré à la chose politique et mondaine ne serait-ce un fragment de son esprit ardent ou un bribe de sa puissance intellectuelle, il aurait littéralement supplanté cette élite sénégalaise qui ne lui arrivait pas à la cheville.
Serigne Atou, loin des sophismes lénifiants qui caractérisent les masses, avait fait le choix de la vérité en faisant totale allégeance à Cheikhoul Khadim, sans complexe ni inutile fioriture.
Serigne Atou était un homme bien, un grand intellectuel doublé d’une humilité hors-pair.
Je me souviens de nos débats à la Sicap Rue 10 au début des années 80, surtout de sa patience époustouflante et de son calme inégalable à écouter nos arguties, nos inepties et parfois nos philosophies de bas étage qui étaient somme toute insignifiantes face à l’immensité de son savoir et de son expérience ; nous sortions à peine du berceau. Il nous écoutait néanmoins et nous ramenait graduellement à la raison, pointant du doigt la candeur de notre jeunesse qu’il fallait remettre sur les rails pour relever les défis du futur. Il ne traduisait jamais une pensée en silence.
Son leadership était manifeste et son intrépidité débordante dans la défense des causes justes. Au Mouridisme et à la cause de l’ Islam, il avait fait don de sa carrière et de sa vie. Tous les Khalifs qui se sont succédés, depuis Cheikh Abdoul Ahad, lui ont témoigné de leur satisfaction totale et de leur reconnaissance entière. Entre autres aptitudes et compétences, Ils voyaient assurément en lui la personnification de « Raamul massîri ilâ Diourbel... ».
Beaucoup de dignitaires, dans des périodes cruciales où seule la vivacité d’esprit pouvait produire un dénouement heureux, ont fait appel à son intelligence, à ses conseils, pour arriver à une solution idoine. Il ne s’en est jamais vanté pour autant ; restant le Talibé Mouride Saadikh aux valeurs intrinsèques.
Mes pensées vont à toi en ces moments où l’épreuve de la mort nous rappelle le sens de la vie. Elles vont aussi à mes amis de la même génération estudiantine et frères aînés condisciples qui ont guidé nos pas : Youssou Diop, Lamine Diop, Moustapha Y. Gueye, Assane B. Seck, Fadel, Alla Dieng, Mame Marame, Lamine Diouf, Amadou Absa Lo, Mansour Ngom, Lamine Seye, Ndiaye Mboup, Sidy Ndour Café, Thierno Ndoye, Malick Aissy, Bathie Ndaw, Saliou Thiam, Abdou Seye, Khadim Samb, Madou Aissy, Mouhamed Toure, Serigne Mb Gueye, et j’en passe.
Puisse Allah avoir pitié de son âme et lui ouvrir les portes du Paradis.
Puisse Le Seigneur lui donner accès aux merveilleux plateaux de Janatul Firdawci, entouré des anges qui glorifient Le Très Miséricordieux en témoignant de l’extraordinaire réussite de la mission terestre de Serigne Atou Diagne 🙏.
Qu’il en soit ainsi pour tous les « Goor Yalla », les vaillants combattants, qui ont précédé Serigne Atou dans le repos éternel après avoir semé leurs graines dans le terreau fertile du HT, macha Allah. Pensées pieuses et prières ferventes pour eux tous.
Mes condoléances, cher frère ! Je te prie de les transmettre à Serigne Youssou Diop et à toute la communauté.
Bien cordialement,
Khadim Gueye



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